Le vent souflait de façon glaciale entre les arbres longeant la route qui menait à Goldshire. Le feuillage d'ordinaire persistant avait pris une teinte or, comme pendant les douces journées d'automne en Kalimdor. Les branches se balancaient dangereusement au dessus de l'homme encapuchoné dans sa cape. Il tentait tant bien que mal d'avancer contre le vent, scrutant de temps à autre le sol sur quelques mètre afin de s'éviter une désagréable chute dans la boue.
Dire que nous sommes pressé jusqu'a la moelle par Stormwind et qu'ils ne sont même pas capable de nous faire une route pavée jusqu'à Goldshire pensa-t-il mais n'osant le dire tout haut de peur d'être entendu.
Nerkoel Frewdiel n'était pas un mauvais homme, juste un peu bougon, s'emportant facilement mais coriace dans le travail et apprécié pour cela. Souvent craint, ou admiré, les opinions finissaient toujours par se rejoindre sur son travail que l'on disait propre et soigné.
On venait une nouvelle fois de faire appel à lui pour une livraison dont il ne savait rien. Un colis qu'il devait remettre à un haut responsable du renseignement. Il avait préféré ne pas en savoir trop, il se contentait d'aller chercher le colis de le transporter et le reste ne le regardait pas. Son employeur avait apprécié. Mais cette fois serait la dernière, ensuite il achèterai une auberge quelque part et terminerai ses jours loins des intrigues des grands de ce monde.
Il jeta un rapide coup d'oeil au travers du manteau de pluie qui s'abattait sur la forêt d'Elwynn, scrutant les quelques dixaines de mètres de route visible devant lui.
Nerkoel refonça sa tête dans sa cape songeant que ce temps n'avait rien de naturel à cette époque. Il butta soudain sur quelque chose et sachant que ça ne s'y trouvait pas quelques secondes plus tôt releva subitement la tête, prêt à affronter le danger, mais il était déjà trop tard.
Il vit les dents plonger vers sa gorges s'enfonçant profondément. Il tenta de se débattre mais les crocs avaient déjà fait leur travail de sape. Il s'écroula lourdement sur le sol, fixant rageusement l'horreur sans nom qui venait en l'espace d'un instant de le terrasser. Il connaissait ces monstres. Il savait aussi que leur morsure condamnait la victime à devenir l'un d'eux. Une goule. Le répandeur du fléau.
Le monstre ne pouvait savoir qu'il possédait sur lui l'ingrédiant qui le sauverai de la transformation, ce même ingrédient qu'il injectait à ses victimes pour leur éviter de se retrouvé pris dans la tourmente de la non-vie.
Il regarda le sourire de mort de la bête et se mit à ricaner, se qui eut pour effet de surprendre le monstre. Il éclata d'un rire joyeux. Il mit la main dans sa poche et sortis le baume, plongea ses doigts dedans et porta rapidement sa main ainsi couverte sur la plaie.
Le monstre compris immédiatement la situation. Nerkoel venait de se condamner à la mort mais il entrainait avec lui son bourreau. Le monstre hurla de douleur quand le baume entra en contact avec la salive présente dans la plaie. La bête fut soudain prise de convulsions.
Une voix d'outre-tombe résonna dans la forêt:
"Qui? Qui vous a donné cette horreur humain? Répondez!!!"
Pour toute réponse Nerkoel se contenta d'éclater de rire, laissant ses dernières forces l'abandonner. Il ne vit bientôt plus le feuillage des arbres bouger, puis se furent les sons qui diminuèrent puis enfin il ne senti plus les gouttes de pluies tomber sur son visage. Il mourrait vite, trop vite.
Il réalisa seulement à ce moment là que l'abomination n'aurait pas du se trouver ici. Le fléau revenait. Mais il ne serait pas là pour voir l'humanité lutter pour sa survie. Le noir devenait pesant pour son esprit. Il eut peur, peur de ce que son âme allait devenir et il vit, il vit la lumière qui l'appelait. Il se laissa flotter vers elle mais la distance semblait ne jamais réduire.
Pour ne pas perdre la raison il s'obligea à penser à la situation qu'il venait de vivre. Cherchant pourquoi il s'était si stupidement laissé piéger. Plus il y pensais et plus la solution de l'apparition subite de la bête sur sa route devenait logique. Tout à ses réflexions il s'avisa que la lueur commençait à grandir. Il se mit à la fixé emprunt de méfiance et de curiosité.
Soudain il remarqua que la lueur se divisait. Il sentit comme une chaleur l'envahir ce qui n'avait aucun sens. Il était en train de mourir il n'aurait pas du avoir de sentations. Et ces lueurs qui devenaient si clairement visible comme des yeux...
Seigneur, songea-t-il, se pourrait-il que je devienne fou? Que mon amour de la vie soit tel que je délire dans la mort?
Les lueurs devinrent des yeux et un visage se dessina petit à petit. Un elfe! Alors ils avaient le contrôle des âmes aussi? Mais arriva alors ce qu'il n'avait pas imaginé, ce que ses rêves le splus fous n'avaient pas envisagés, il revit le feuillage de la forêt d'Elwynn. Les gouttes de pluie sur son visage redevenaient gênantes et la douleur dans son cou redevint vive et brûlante. Plus qu'un elfe il s'agissait d'un druide, l'un de ces être étrange et mystérieux qui vivaient en harmonie avec la nature de façon si implicite qu'elle leur accorde certains droits sur la vie.
Il eut une douleur aigue lorsque ses poumons se remplirent d'air à nouveau, mais le druide n'y prêta pas attention et continuait son incantation silencieuse tout en le fixant restaurant par le biais de mère nature les tissus endommagés. Il sentit une autre présence près de lui et réussit à bouger ses yeux remarquant alors le nain qui fixait l'elfe, où plutôt les alentours de l'elfe. Son gardien? Une situation cocasse si l'on sait que nain et elfe se méfient les uns des autres.
Il fallut encore quelques minutes au druide pour terminer son oeuvre avant qu'il ne s'écroule épuisé sur le sol, haletant, le regard vide. Le nain se précipita alors avec une couverte qu'il déposa sur l'elfe. Nerkoel vit alors apparaitre un ours gigantesque qui donna un coup de langue sur la brabe drue du nain avant de se coucher contre l'elfe dont la respiration reprennait petit à petit une allure plus normale.
"Lorsqu'il fait ça, il se prive d'une partie de sa vie. Plus tard mère nature la lui rendra. Mais en attendant il est aussi fragile que le cheveux qui doit porter une enclume", dit simplement le nain qui ne regardait plus dans leur direction.
Nerkoel se redressa osant à peine toucher son cou de peur de détruir le travail du druide. Il effleura l'endroit où il avait été mordu et resta un moment la main posée dessus. Il n'y avait plus trace de la plaie. Il se leva et s'aperçut qu'il se sentait aussi bien que lorsqu'il avait quitté sa maison ce matin.
Encore hébété il s'approcha du druide mais vif comme l'éclair, le nain le mit en joue. Il s'arrêta net.
"Vous vous approcherez de lui seulement lorsque je vous le dirais."
Comprennant que la menace n'avait rien d'un jeu, Nerkoel recula.
"Si vous voulez l'aider, faites nous un feu qu'il y ai une source de chaleur. Ce froid n'est pas bon."
Nerkoel ne sut pour qui parlait le nain. Il n'osa pas le demander et s'écarta lentement pour ne surtout pas titiller son nouveau compagnon. Il fureta un moment dans le sous-bois et finit par trouver du bois qui serait suffisament sec pour brûler. Il revint rapidement et prépara un feu suffisament fort pour réchauffer l'ensemble du groupe.
Le feu finit par prendre et sa lueur chaleureuse éclara le visage dur du nain.
"Je me nomme Nerkoel" commença-t-il désireux de dissiper le malaise qu'il ressentait. Le nain le regarda de biais. Aucune expression ne transparaissait sur son visage. Sa barbe rousse dansait légèrement dans le vent. L'ours gronda légèrement et machinalement le nain porta sa main sur le museau de la bête.
"Calme Orvey" fit-il tout en carressant l'animal. "Je suis Dromikik, d'Ironforge." Puis replongeant dans son silence le nain retourna la tête continuant de scruter les alentours.
Hésitant entre le silence ou la tentative de discussion, Nerkoel préféra attendre et observer les réaction de son compagnon. La chaleur bénéfique du feu commença de l'engourdir et il décida de s'accorder un temps de sommeil histoire de calmer son esprit survolté par les évènements. Il s'emmitoufla dans sa cape et s'allongea sur une zone que le feu contre toute attente arrivait à maintenir relativement sèche.
Mais pourquoi ce nain est-il si dur? pourquoi est-il aussi menaçant lorsqu'il s'agit du druide? Ca ne colle pas. Quelle est leur histoire?
La fatigue eut raison de ses questions. Il sombra rapidement dans un sommeil profond...
